La monnaie du mois

Juillet 2009

Les jetons en étain "Normatensyl"

Il arrive assez souvent ces derniers temps de voir des répliques de monnaies anciennes sur des sites d'identification, mais aussi sur des sites de vente, comme Ebay. La plupart sont facilement reconnaissables car bien présentées comme des copies et/ou de facture très grossière.

Cependant, certaines comme les jetons publicitaires en étain des laboratoires Théraplix ont de quoi tromper même le numismate averti. Effectivement, en 1971-72, le Laboratoire Théraplix a adressé à tous les médecin de France des encarts publicitaires avec le slogan "Normatensyl, pièce maîtresse du traitement de l'hypertension". Dans chaque encart était inclus une reproduction d'une monnaie ancienne en étain. Il y avait par exemple dans le lot une monnaie intitulée : "Dirham d'argent de Bagdad (750 env. après J.C.)".

Le texte au dessous disait : c'est la réplique de la monnaie en circulation pendant le règne d'Haroun-Al-Rachid, célèbre calife des Mille et Une Nuits. Le dirham d'argent fut frappé pendant la période 736 à 809 après J.C. Al-Rachid fut un souverain très puissant. Il put conclure un traité avec Charlemagne et exigea un tribut des empereurs byzantins.

La collection complète comprend 8 "monnaies" : un shekel de Tyr, un tétradrachme d'Athènes, une drachme d'Alexandre la Grand, un tétradrachme d'Alexandrie pour Néron, un dirham d'Haroun al-Rachid, un penny de Guillaume le Conquérant, un gros de Bohémond VII de Tripoli et un réal d'Espagne.

Aucun de ces jetons ne comporte la moindre mention permettant de l'identifier comme faux !!! Cependant, 6 d'entre eux sont assez facilement reconnaissables par tout amateur averti : l'aspect du métal et de la frappe montre clairement qu'il s'agit de répliques en étain et non d'originaux en argent.
Deux, en revanche, sont très très bien réalisés et peuvent facilement tromper : il s'agit du pseudo dirham abbasside et du pseudo gros de Tripoli !!

Voici ci-dessous le jeton Normatensyl à gauche et l'original du dirham abbasside de Haroun al-Rachid à droite. Les inscriptions sont parfaitement reproduites avec une calligraphie vraiment conforme à l'original. Il est parfois délicat de juger sur photo, et c'est en ayant la "pièce" en main que l'on peut vraiment se prononcer.
Deux indices :
- le jeton imite un dirham frappé à Madinat as-Salam en AH 189. On trouve la lettre
ہ (h) au revers.
- son poids du jeton est de 3,6 g alors que les dirhams abbasside ont un poids moyen de 2,9 g


Autre exemplaire "dangereux" : le gros de Bohémond VII.
Il en apparaît parfois sur Ebay, sans aucune mention indiquant qu'il puisse s'agir d'un faux !!! Il est difficile de juger à coup sûr sur photo, mais un vendeur honnête pourra fournir des photos de la tranche : la tranche du jeton montre clairement une trace de soudure.

 


 

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